Jusqu'à ce que la mort nous sépare... ou pas /// La nouvelle en PDF !
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Jusqu'à ce que la mort nous sépare ou pa
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Jusqu’à ce que la mort nous sépare… ou pas…

 

                                                                                                      Par Thomas Burnet.

 

 

« En ma fin, gît mon commencement » Marie Stuart, sur sa robe, en 1568.

 

 

            Jeanne vivait avec un nouveau statut depuis trois jours. Au début de sa vie, elle avait été petite fille, puis adolescente. Elle était devenue jeune femme, puis maman. Elle devint une fiancée, avant de devenir épouse le 5 avril 2003. Mais depuis trois très longs jours, Jeanne était devenue veuve. En plein milieu de la nuit, un coup de téléphone avait réveillé toute la maison. Une voix grave, inconnue, qui avait informé Jeanne de ce changement de statut. Son mari avait eu la bêtise de s'arrêter au bord de la route, sans mettre en route les feux de sécurité de sa voiture. Il était sorti de son véhicule sans son gilet de sécurité, et avait soulagé sa vessie sur l’asphalte. Un conducteur fatigué était passé par là. Il avait donné un coup de volant malheureux en découvrant trop tard la voiture de Dorian, et n'avait pas pu l’éviter sur le bord de la route. Le jeune homme de trente et un ans était mort sur le coup, la nuque brisée.

 Ensuite, tout avait été très vite. Les pleurs, le réveil de Mathis et de Clara, de nouveaux pleurs, les grands-parents et les beaux-frères appelés en urgence, encore des pleurs. Une fois les enfants entre les mains chaleureuses de ses parents, Jeanne partit avec ses beaux-parents pour l'hôpital. Elle devait se rendre à la morgue pour la reconnaissance du corps. Une fois de plus, des pleurs.

Trois jours de papiers divers, d'appels, de courriers pour annoncer à la Terre entière que Dorian Glarois n'était plus ; trois jours pour organiser la fin de vie de cet homme qui n'avait jamais rien prévu car il ne pensait pas que sa vie s'arrêterait si tôt ; trois jours à se demander quand le réveil allait enfin sonner la fin du cauchemar.

            Trois jours après la mort de Dorian, dès six heures du matin, Jeanne s’affairait encore à organiser les obsèques de son mari : entre le traiteur, la réservation d’urgence de la salle des fêtes du village, les invités qui appelaient, pour présenter d’énièmes condoléances, pour confirmer ou infirmer leur venue, pour signaler une erreur dans l’adresse,… Il était dix heures et demi du matin, et pourtant, elle venait de raccrocher le téléphone pour la vingtième fois de la journée et décida d’aller se reposer un peu dans sa chambre. Elle ferma les rideaux et s’allongea. Un noir total. Elle aimait s’isoler dans le noir, et ouvrir grand les yeux, pour inonder son esprit d’obscurité.

            Elle sentit soudain quelque chose passer sur sa main. Elle l’agita pour chasser ce qu’elle pensait être une mouche. Mais la sensation réapparut. Elle agita à nouveau sa main, mais sentit la « chose » remonter sa cuisse. Elle sursauta et alluma sa lampe de chevet. Elle poussa un cri. Devant elle, debout, elle vit Dorian, qui lui souriait. Elle secoua la tête pour remettre ses idées en place, mais lorsqu’elle rouvrit les yeux, elle voyait encore son mari. Elle avait le souffle coupé. Elle ne savait pas quoi dire. Il était mort trois jours plus tôt, et elle le voyait devant lui. Par hasard, elle se pinça, espérant voir ainsi si elle rêvait. A part une douleur au poignet, il ne se passa rien. Son mari souriait, il était même à la limite de rigoler. Elle s’étonna et retrouva le moyen d’émettre un son :

- Q… Quoi ?!

- Je n’ai rien dit.

- Qu’est-ce que… Mais… AAAH !

- Qu’est-ce que je fais là par exemple ?

- Mais oui ! Je rêve ?

- Oh non. Je suis bien mort depuis trois jours. D'ailleurs, j'aurais pensé sortir de façon un peu plus classe.

- Ca c'est le moins qu'on puisse dire... Il a fallu que tu te retrouves le machin à l'air ! Mais... qu'est-ce que je raconte ? Qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi tu es là ? Je suis en pleine hallucination ?!

- Non, regarde. Hop ! J'ouvre les rideaux.

La lumière du jour éblouit soudain Jeanne. Elle restait ébahie. Dorian reprit la parole.

- Bon, arrêtons de rigoler. Si tu savais comme je suis heureux de te revoir ma chérie.

- Moi aussi, mais.... mais tu es mort !

- Oui, mais ça ne veut pas forcément dire qu'on va être séparés.

- Qu'est-ce que tu veux dire par là ? Jeanne s’énerva soudain : Tu vas me servir le refrain habituel ? Tu seras toujours dans mon coeur ; de là-haut tu garderas un oeil sur moi... Si tu es revenu juste pour me dire ça, ça va aller. J'en ai déjà suffisamment entendu depuis les trois derniers jours. Tu vas me dire quoi après ? Tu vas m'adresser tes condoléances ?

Jeanne se mit à pleurer. Dorian s'approcha, et la prit dans ses bras. Elle le serra, s'accrocha de plus en plus à la présence de son homme.

- Je dois tout te raconter Jeanne, et je n'ai pas beaucoup de temps.

- Je t'écoute, mais je reste dans tes bras.

- J'ai découvert que lorsqu'on meurt, on reste dans une espèce de zone de transit jusqu'à ce que notre corps soit détruit. Si on trouve le moyen, on peut rentrer en contact avec des gens. Il faut se concentrer et c'est assez épuisant. Depuis hier, j'essaie de te parler, mais je m'y prenais mal, et tu n'étais pas toujours prête à m'entendre. Quand les gens sont dans un climat de détente, il est plus facile de rentrer dans leur champ de perception.

- Tu as dit « Jusqu'à ce que notre corps soit détruit ? »

- Oui. J'y viens. J'ai rencontré un garçon qui est mort depuis 2 ans. Il s'est arrangé pour que son père vole son corps à la morgue avant son enterrement. Et ça fait donc deux ans qu'il est dans la zone de transit. Il n'y a pas de surveillance dans cette zone. Je t'expliquerai en détail une prochaine fois.

- Une surveillance faite par qui ?

- Pas le temps de répondre mon amour. Je vais devoir y aller, je commence à fatiguer.

- Que dois-je faire ? Je dois te voler à la morgue.

- Oui, mais tu devrais recevoir bientôt un coup de main qui te sera bien utile. Je t'aime ma petite Jeannette.

- Je t'aime Dorian. Mais...

            Jeanne n'eut pas le temps de finir sa phrase, Dorian avait disparu. Sans « pop », sans brouillard mystique. Silencieusement. Soudainement. Il n'était plus là. Jeanne s'interrogea sur ce qu'elle venait de vivre. Avait-elle rêvé ? Il y avait les rideaux grands ouverts et le lit gardait encore la forme du corps de Dorian. Il lui semblait que non, tout cela avait été très réel. Son mari mort venait de faire une apparition. Elle réfléchit à ce qu'il lui avait dit, pour son corps. Où donc pouvaient-ils garder le corps des morts ? Sûrement à la morgue de l'hôpital. Quoique... les obsèques avaient lieu dans deux jours, il était probable que le corps ait été déplacé  dans l'entreprise de pompes funèbres qui prenait en charge son enterrement. De toute façon, l'hôpital et les pompes funèbres étaient dans la même ville ; il lui fallait juste trouver le moyen impossible de subtiliser le corps de son mari sans que personne ne le sache. Dorian avait parlé d'une aide. Mais quelle aide ? Est-ce que Dorian allait débarquer avec une armée de fantômes. Jeanne n'y croyait pas vraiment ; et puis, sans aide, elle n'y arriverait pas : son mètre soixante-cinq associé à ses cinquante-cinq kilos ne lui laissaient pas beaucoup d'espoir quant à la réussite de son entreprise.

            En début d'après-midi, alors que les enfants étaient encore chez ses parents, quelqu'un sonna à la porte. Derrière la porte, Jeanne découvrit un homme d'une quarantaine d'années. Il s'appelait Patrick et habitait à Lyon. Il avait été prévenu par son fils décédé il y a deux ans qu'elle avait besoin d'aide pour dérober le corps de son défunt mari à la morgue. Jeanne ne savait pas trop quoi penser face à cet homme qui allait dans le sens de ce que Dorian lui avait dit un peu plus tôt. Elle lui proposa un café et ils s'installèrent à la table du salon pour discuter des événements à venir. Patrick savait à peu près tout ce qu'il fallait savoir pour voler un corps : le parcours habituel entre les différents services et les différents corps de métier, les moments où il était le plus facile de commettre le larcin, les façons de faire passer cela inaperçu.... Jeanne croulait sous les détails et avait du mal à réaliser ce dans quoi elle s'embarquait. Alors qu'elle commençait à avoir de sérieux doutes concernant la réalité de la situation, un papier apparu mystérieusement au creux de sa main. Elle reconnut immédiatement une feuille du bloc note en forme de pomme qui était à côté de l'ordinateur familial dans le bureau. Elle reconnut aussi l'écriture de Dorian. Il n'y avait que quelques mots écrits à la main : « Tu peux lui faire confiance ma Jeannette. » Ces mots la réconfortèrent et elle commença à ressentir dans son ventre de l'excitation à la pensée de ce qu'elle allait faire, mais aussi l'excitation de revoir Dorian à nouveau comme si rien ne s'était passé.

            Patrick lui avait expliqué que pour que Dorian puisse rester en zone de transit, il fallait que son corps reste intact, qu'il n'ait pas été remis à une divinité et qu'il ne soit pas enfermé dans de la terre. Il leur fallait donc opérer avant l'enterrement, et surtout trouver un endroit avec un congélateur suffisamment grand qui permettrait de ralentir fortement le processus de décomposition corporelle. La première étape de leur plan fut donc de prendre la direction de l'hypermarché le plus proche pour en acheter un qu'ils disposeraient dans l'atelier de Dorian. Ils furent rejoints par Nathan et Marc, deux frères d'une même soeur décédée un an plus tôt qui avaient eux aussi dérobé le corps de leur soeur pour lui permettre de rester dans la zone de transit. Ensemble, ils achetèrent un congélateur qui fermait à clé et le rapportèrent chez Jeanne. Ils l'installèrent tout au fond du sous-sol, dans le bureau de Dorian. L'avantage de cette salle était qu'elle fermait à clé, que personne, hormis Jeanne, n'avait d'habitude l'autorisation d’y entrer. Le congélateur fut branché, la température réglée au plus bas ; il ne restait maintenant plus qu'à récupérer Dorian.

            Au fur et à mesure du temps, une petite communauté s'était constituée entre les personnes qui avaient un proche qui souhaitait rester en zone de transit ; il y avait des gens de tous les âges, de toutes religions, de tous les métiers. Cela facilitait l’escamotage des corps. Il suffisait de bien s’y prendre, et d’avoir quelques aides pour que le corps disparaisse sans que personne ne s’en rende compte. Patrick avait appelé un ami parisien, un certain Gérald, entrepreneur de pompes funèbres, qui les rejoindrait le lendemain, avec le même cercueil que celui qu'avait commandé Jeanne ; quant à Nathan et Marc, ils avaient réalisé un mannequin suffisamment lourd pour pouvoir faire croire que le cercueil de Dorian était plein.

            Tout était réglé, il ne restait plus qu’à attendre… attendre et espérer que tout se passe pour le mieux.

 

˜                 ™

 

            Le père de Mathis était mort. C’est une chose que Mathis n’avait pas très bien comprise au début, quand sa mère était venue le réveiller au milieu de la nuit. Elle était venue s’asseoir au bord de son lit, les larmes aux yeux ; il avait pleuré lui aussi, parce que voir sa mère pleurer ainsi, ça le rendait très triste. Il savait qu’on pouvait mourir. Sa mamie le lui avait expliqué quand sa « super mamie » était morte ; elle lui avait dit que quand on mourait, le corps de la personne restait là, mais la personne, en vrai, elle s’envolait vers le ciel, et qu’elle continuait à nous regarder d’en haut. Pendant que sa mère était allée réveiller sa petite sœur Clara, Mathis avait couru à la fenêtre, dans l’espoir de voir son papa s’envoler, mais il ne l’avait pas vu, et il se dit qu’il l’avait manqué. Il en avait parlé au frère de son papa qui était venu après l’appel de sa maman, mais celui-ci lui avait donné une toute autre version : non, son papa n’était pas au ciel. Il était mort, il n’existait plus, il ne le regardait pas d’en haut et ne veillait pas sur lui depuis le ciel. Après ça, sa maman avait crié sur son tonton, en lui disant de se mêler de ses affaires et en pleurant encore une nouvelle fois.

Mathis était fatigué de voir pleurer sa maman, il avait très envie de serrer son papa dans ses bras, mais il n’était pas là. En revanche, il prenait son rôle de grand frère très au sérieux et s’occupait beaucoup de Clara pour qu’elle ne soit pas trop triste. Avec sa sœur, ils partirent quelques jours chez les parents de sa mère, pour essayer de penser un peu à autre chose. Ses grands-parents avaient une grande piscine dans leur maison, Clara arrivait à se détendre et à rire, mais Mathis restait avec une douleur au fond de lui-même. Il sentait qu’il lui arrivait des choses bizarres pour un garçon de son âge, et qu’il ressentait des choses qu’aucun de ses copains n’avait encore vécues. Il dormait très mal et restait constamment inquiet. Il se demandait comment allait sa maman et voulait qu’elle arrête d’être triste.

            Le soir avant l’enterrement, il retrouva les bras de sa maman. Il sentait qu’elle avait changé, dans son attitude, dans sa tristesse. Il avait l’impression que sa maman était triste pour de faux. Et puis il y avait ces quatre messieurs. Mathis ne savait pas trop ce qu’il devait en penser. Sa maman disait que c’étaient des anciens copains de papa qui venaient de loin pour son enterrement, et qui allaient dormir dans la chambre d’amis. Mathis voulait croire sa maman, mais quand il posait des questions aux messieurs, ils réfléchissaient beaucoup avant de répondre et parfois, ils disaient qu’ils n’en savaient rien. Il y en avait même un qui l’avait appelé David, avant de se reprendre. Mais sa maman lui avait dit la vérité, et il n’était pas possible qu’elle lui ait menti.

            Le jour de l’enterrement de son papa, Mathis vit beaucoup de gens pleurer, beaucoup de gens tristes, beaucoup de gens malheureux. Il se demandait pourquoi les médecins n’avaient pas encore trouvé le moyen de ne jamais mourir, pour que les gens ne soient plus tristes. Il se demandait aussi pourquoi le dieu qui habitait dans cette église ne faisait pas quelque chose pour qu’on ne puisse plus mourir. C’est une grande douleur et un sentiment très désagréable que ressentait Mathis pendant l’enterrement de son père. Sa petite sœur Clara ne comprenait toujours pas bien et s’étonnait de ne pas voir son papa. Quant à sa maman, Mathis la sentait tout de même un peu plus triste que la veille. Au moment où le curé demanda à Mathis de venir dire un dernier au revoir à son papa, Mathis ne comprit pas très bien ce qu’il voulait dire, et lui répondit : « Monsieur, vous savez, en vrai, mon papa est mort, alors il ne peut plus m’entendre, ça ne sert à rien de lui dire au revoir. » En entendant ces mots, sa maman et ses grands-parents se mirent à pleurer à nouveau et adressèrent un regard noir à un des oncles de Mathis.

            Mathis était fatigué de cette ambiance, fatigué des pleurs, fatigué des adultes, fatigué. Il sortit en courant de l’église, sous le regard impuissant de tous.

 

˜                 ™

           

            La réaction de Mathis lui déchira le cœur. Elle souhaitait tellement lui dire la vérité, lui avouer que même si son père était mort, il continuerait à veiller sur lui. Elle aurait tellement aimé le laisser voir son père. Mais Patrick avait été très ferme sur ce point : il fallait que très peu de personnes soient au courant, et les enfants ne pouvaient pas être mis au secret, car c’était une charge bien trop lourde pour eux.

C’est le fait de mentir qui permis à Jeanne de simuler la tristesse lors de l’enterrement de Dorian. La veille tout avait été parfait : l’échange des cercueil s’était fait sans éveiller les soupçons, le corps de Dorian, encore à peu près intact, avait été mis dans le congélateur. Patrick, Nathan, Marc et Gérald avaient dormi dans la chambre d’ami, sur les matelas gonflables qu’ils avaient apportés avec eux ; on voyait qu’ils avaient l’habitude de venir en aide à d’autres personnes. Ils étaient aussi restés pour l’enterrement, histoire de valider le mensonge créé pour justifier leur présence. Les enfants semblaient un peu reposés, mais Mathis posait déjà énormément de questions. Le soir, Jeanne avait pu s’endormir dans les bras de son mari, Dorian ayant récupéré suffisamment d’énergie pour venir la voir quelques minutes. Mais le matin même, elle voyait tout le monde si triste, si peiné d’avoir perdu un ami, un frère, un fils. Elle aurait voulu leur crier la vérité, mais elle ne pouvait pas. Elle devait les observer souffrir en silence, sans rien dire. C’est ce qui lui avait donné envie de pleurer ce jour-là.

Mathis fut rattrapé et il assista à la fin de la cérémonie. Ca pouvait paraître cruel de lui faire vivre cela, malgré son état de choc manifeste, mais Jeanne ne voulait pas que son fils lui reproche plus tard de ne pas avoir assisté à l’enterrement de son propre père. Et elle pleura encore de voir sa famille pleurer.

Les jours qui suivirent, les enfants repartirent en vacances chez ses parents, mais elle les retrouva après quelques jours. Clara avait le sourire, mais elle ne comprenait pas tout et demandait parfois quand son papa reviendrait du ciel ; Mathis s’était renfermé. Il s’intéressait lui aussi au ciel. Son grand-père, qui avait quelques connaissances en astronomie, lui avait prêté sa longue-vue et lui avait expliqué le principe des constellations. Il passait de longs moments à regarder les cartes du ciel de son grand-père, et sortait en cachette de sa chambre pour aller regarder les étoiles dans le jardin. Ni Jeanne, ni ses parents n’avaient le cœur de le disputer.             Jeanne apprenait à vivre différemment, elle menait maintenant une double vie. La vie d’une veuve qui ne l’était pas. Elle devait afficher un visage triste, simuler des sanglots quand on parlait de Dorian, et se réjouir de le retrouver le soir, pour s’endormir avec lui. Ils avaient fixé ensemble que ce serait leur moment de retrouvailles. Au petit matin, quand Jeanne se réveillait, elle avait toujours un pincement au cœur et l’inquiétude que tout n’ait été qu’un rêve et que son mari soit bel et bien mort. Elle avait reprit son travail de secrétaire dans un cabinet de dentiste avec sa mine de femme veuve, que Dorian venait contrarier parfois apparaissant devant elle, avec un baiser furtif ou une grimace pour la faire rigoler. Les gens qui la voyaient rigoler soudainement attribuaient ces changements d’humeur au décès de son mari.

Pendant les six premiers mois, Jeanne vivait comme sur un nuage. Malgré sa double vie, elle était heureuse, car elle avait toujours près d’elle son Dorian. Ce dernier maîtrisait mieux ses apparitions et savait comment les rendre moins épuisantes. Il réussissait à intégrer le monde matériel pendant près de trente minutes, avant de devoir réintégrer la zone de transit. Ils purent même, après plusieurs hésitations, refaire l’amour comme avant, même si cela épuisait plus rapidement Dorian et donc écourtait leur entrevue. Il y avait pourtant une chose qui gênait Jeanne :

- Ca m’embête Dorian.

- Je sais bien Jeanne, mais tu connais bien les règles établies : les enfants ne doivent pas être mêlés à cela. Ils ne comprendraient pas.

- Mais les vois-tu ?

- Bien sûr que je vais les observer, pour les voir grandir ; si tu savais comme j’ai envie de les prendre dans mes bras.

- J’ai l’impression de les trahir. Ils ne t’ont plus eux ! Ils doivent se reconstruire. J’ai parfois l’impression que ce sont eux les adultes et que nous ne sommes que deux gamins qui n’arrivons pas à accepter le cours de la vie.

- Ne dis pas ça ma Jeannette. Tu n’es pas heureuse que nous puissions nous voir tous les jours.

- Bien sûr que je suis heureuse, mais tu n’écoutes pas ce que je dis : je mens à mes enfants en les empêchant de revoir leur père. Et quand bien même ! Est-ce que ce serait si bon pour eux de revoir pendant cinq minutes leur père qui vit dans la zone de transit des âmes ? Que penseraient-ils s’ils savaient que nous couchons encore ensemble ?

- Calme-toi ma Jeannette. Ils se reconstruisent. Petit à petit, ils y arrivent. Regarde, Mathis se passionne pour l’astronomie, et Clara a retrouvé sa joie d’enfant. Laisse-leur le temps, et laisse-nous profiter de cette chance que nous avons : nous avons supplanté la mort !

- Supplanté, c’est vite dit. Je ne te vois qu’une demi-heure par jour…

- Et si tu savais ce qui me coûte de trouver l’énergie pour cette demi-heure. Si ça ne te plait pas, je ne vais pas me fatiguer plus longtemps.

Dorian disparut d’un coup.

- Non, Dorian ! S’il te plait. Ne disparais pas. Je sais que tu m’entends. Je t’en supplie, ne me quitte pas, ne meure pas, pas encore, pas maintenant. Excuse-moi, je me suis énervée. Mais c’est dur de devoir mener cette double vie. Mais c’est si bon de t’avoir près de moi… même pour une seconde….

Dorian réapparut et enlaça sa femme :

- Je t’aime ma Jeannette ! Calme-toi, je suis là, je suis là.

 

˜                 ™

 

            Mathis avait grandi depuis la mort de son père, il y a trois ans. Il avait maintenant dix ans et continuait sa vie d’enfant, ou plutôt d’enfant qui a grandi trop vite. Il était le petit homme de la maison. Bien sûr, parfois, ses grands-pères ou ses oncles venaient leur rendre visite. Dans ces moments-là, Mathis en profitait pour leur déléguer ce rôle et reprenait son innocence d’enfant. Lors de ces week-ends ou de ces semaines de vacances, il pouvait se consacrer entièrement à son passe-temps préféré. Sa passion pour l’astronomie grandissait avec lui. Il avait maintenant deux télescopes et il était abonné à une revue spécialisée. Il savait situer et nommer les principales constellations dans le ciel et partait l’été prochain dans une colonie où il rencontrerait d’autres jeunes qui partageaient sa passion et quelques spécialistes. Partir lui changerait sûrement les idées.

L’ambiance à la maison était étrange, un peu comme s’il était le seul à avoir conscience que son père était mort. Il était normal que Clara ait l’insouciance de ses six ans, mais pour sa mère… Elle affichait une mine triste, mais lui savait bien ce qu’il en était réellement. Il la croisait parfois quand il revenait des toilettes au milieu de la nuit. Elle souriait. Elle avait le même sourire que lorsqu’elle était dans les bras de son père, ou qu’elle venait de le voir. Pourtant, Mathis savait bien que son père ne pouvait pas être là, et il savait bien aussi qu’il n’y avait pas d’autre homme dans la maison avec sa mère, car ça il ne le permettrait pas. Elle partait en week-end parfois, seule, et jamais au même endroit. Elle paraissait toujours un peu bouleversée lorsqu’elle revenait, et Mathis avait remarqué qu’elle lavait toujours sa robe noire le lundi suivant. Elle prétextait un week-end entre copines, mais Mathis avait l’impression qu’elle lui mentait. Il n’osait pas imaginer qu’elle allait voir un autre homme.

Dans la maison, sa maman avait changé toute la décoration, comme si elle voulait faire une nouvelle maison, une maison où son père n’aurait pas vécu. Mais il y avait une chose qui rappelait sans cesse à Mathis son père, c’était son bureau, au fond de la cave. Mathis n’avait pénétré que peu de fois dans cet endroit. Quand son père était en vie, il restait seul dans cet endroit, c’était son lieu de repos, et de travail. Il élaborait des maquettes de bateaux et ne voulait surtout pas qu’on vienne endommager son travail. Mathis avait peur étant plus jeune d’aller au fond de la cave, mais maintenant, il était curieux et voulait voir les réalisations de son père. Sa mère avait été très stricte et avait continué de lui interdire l’accès à cette pièce. Mais ce qu’elle ne savait pas, c’est qu’en fouillant dans tous les tiroirs de la maison, il avait trouvé la clé du bureau, celle avec un D dessus. Il était descendu, et avait découvert le trésor de son père. Cinq maquettes trônaient sur différents meubles, et une sixième était en cours de fabrication sur le bureau. Il observa avec admiration le travail de son père, la minutie et la précision dans les détails. Mais il ne comprenait pas pourquoi il y avait un congélateur dans cette pièce. Il y avait déjà un congélateur dans la première salle de la cave, avec les glaces et les pizzas. Mathis nota qu’il y avait quelque chose qui dépassait de la porte… Quelque chose qui ressemblait à une touffe de poil, comme il y avait sur certaines peluches. Il essaya d’ouvrir, mais constata que le congélateur était équipé d’une serrure et fermé à clé. Alors qu’il commençait à fouiller dans les tiroirs du bureau, la porte de l’atelier se referma brusquement dans un violent claquement. Mathis sursauta et l’ouvrit. Il ne vit personne, mais avait eu une dose de peur suffisante pour la journée et remonta rapidement au rez-de-chaussée. Il déposa les clés dans leur tiroir et cacha cette visite à sa mère. La semaine suivante lorsqu’il voulut tenter une nouvelle excursion, les clés avaient disparu du tiroir.

 

˜                 ™

 

            Depuis six ans, Jeanne vivait avec un mort. A l’enthousiasme des premiers temps s’était substitué un certain poids, et une difficulté à assumer ce style de vie. La présence quotidienne de son mari lui paraissait normale, mais c’est son absence le matin qui lui pesait. Elle se réveillait seule, elle élevait seule ses enfants, elle se sentait seule. Elle faisait l’amour à un fantôme, et avait de plus en plus l’impression que ce fantôme hantait sa vie. Ils ne pouvaient pas faire de projets à deux, ils ne pouvaient pas s’évader une journée en amoureux.

            Elle l’aimait toujours, bien sûr ; mais elle avait l’impression qu’elle se trompait d’amant. Elle aimait Dorian, mais le Dorian vivant, non pas l’ombre de Dorian.

            Son mari lui parlait de plus en plus de l’autre côté, de l’au-delà, de ce qu’il y avait après la zone de transit. Il lui disait que si certains défunts y voyaient l’enfer, d’autres imaginaient l’eldorado, le paradis, l’endroit merveilleux où l’on vit éternellement dans le bonheur. La zone de transit n’avait en effet rien de confortable. Dorian avait comparé cette zone à un écran d’ordinateur. Le fond d’écran était le monde réel, et les défunts s’y promenaient comme les icônes des différents programmes. Rien n’était fait pour les défunts dans cet endroit vide. Et pour cause, depuis la nuit des temps, le débit des âmes dans cette zone avait été régulier, les critères d’élévations étaient suffisamment précis pour englober la majorité des personnes, car tout corps était soit détruit, soit enterré, soit remis à une divinité. Il n’avait donc jamais été question de mettre en place une quelconque surveillance de la zone, ni de l’aménager pour de longs séjours. La curiosité de Dorian grandissait, et son enthousiasme à revenir parmi les vivants diminuait.

            Jeanne avait une autre raison de subir cette vie comme un poids : elle était amoureuse d’un autre homme. Un vrai, un vivant : Patrick, l’homme qui l’avait aidé à récupérer le corps de Dorian et qu’elle avait revu plusieurs fois en aidant d’autres vivants à récupérer le corps de proches décédés. Au fur et à mesure de leurs rencontres, ils avaient appris à se connaître, à s’apprécier, à s’aimer. Jeanne l’avait accompagné dans son deuil lorsque son fils avait définitivement quitté la zone de transit, suite à une panne du congélateur qui le gardait intact. Elle avait pu voir comme il avait changé depuis ce jour où tout était fini, comme s’il avait un poids en moins dans sa vie.

            Mais débrancher le congélateur, s’arranger pour que le corps de Dorian disparaisse sous terre, c’était comme le tuer une seconde fois. Et Jeanne ne pourrait pas supporter ça. Elle avait bien une idée… mais elle lui paraissait bien trop cruelle pour la mettre en œuvre.

 

˜                 ™

 

Dix ans après la mort de son père, Dorian venait de décrocher son bac. Il venait d’obtenir un bac scientifique avec la mention très bien. Cela signifiait qu’il pourrait partir faire ces études au centre de l’Agence Spatiale Européenne pour l’astronomie à Villafranca del Castillo en Espagne, cela signifiait qu’il pourrait enfin accéder à son rêve, cela signifiait qu’il pouvait enfin vivre sa vie pleinement.

La vie avec sa mère était devenue très difficile : sa sœur était partie finir sa scolarité en Allemagne après s’être révélée particulièrement douée pour cette langue qu’elle avait apprise en autodidacte et après avoir postulée au programme européen pour la mobilité et la polyvalence linguistique des jeunes collégiens. Il était donc seul à vivre avec sa mère dans la maison familiale. Il avait le sentiment qu’ils étaient devenus des étrangers l’un pour l’autre. Il lui reprochait de ne pas être honnête avec lui et de lui cacher des choses importantes de sa vie. Il lui reprochait de ne pas avoir refait sa vie, même dix ans après la disparition de son mari. Il lui reprochait de ne pas être la mère qu’il aurait voulu qu’elle soit. Il lui reprochait de ne pas assumer la mort de Dorian et de garder le sanctuaire de la cave intact, comme s’il allait revenir du jour au lendemain.

Mais ce jour-là, tout allait basculer. Il allait se rendre à la cave et, clé ou pas clé, il allait entrer et faire ressurgir le passé pour que sa mère l’accepte enfin. Il entra la maison déserte, et descendit à la cave. Il traversa les différentes pièces qu’il ne connaissait que trop pour en avoir eu peur quand il était enfant et arriva enfin devant la porte qu’il avait tant de fois rêvée d’ouvrir. Il fut surpris de la découvrir entrebâillée. Il entra et pu observer à nouveau les maquettes de son père. Une par une, il les remonta en les disposant dans différentes pièces de la maison, comme pour faire ressurgir le passé aux yeux de sa mère et la mettre face au fait : son mari était mort, elle devait refaire sa vie. Une fois qu’il eut remonté la maquette inachevée, il revint dans le bureau de son père, pour résoudre le mystère de ce congélateur. Il devait l’ouvrir, il en avait besoin. Il sentait qu’il y avait là un mystère qui le hantait depuis la mort de son père. Il fut à nouveau surpris lorsqu’il découvrit des clés au pied du congélateur. Il glissa sans problème la clé dans la serrure et la tourna doucement. Avant d’ouvrir le mystérieux congélateur, il prit une profonde inspiration, puis il tira la porte vers le haut.

Il eut un cri de stupeur lorsqu’il en découvrit le contenu.

 

˜                 ™

 

Jeanne avait pris sa résolution. Elle avait le sentiment d’être passée à côté de ces dix dernières années et voulait rattraper le temps perdu. Elle savait bien que le fait de perdre à nouveau Dorian serait douloureux, mais elle était maintenant convaincue qu’il n’y avait pas d’autre solution. Elle voulait revivre, elle voulait pouvoir s’endormir dans les bras d’un homme et se réveiller le lendemain matin avec lui. Elle voulait prendre le temps de faire l’amour, prendre le temps d’explorer un corps qui ne risquait pas de s’évanouir sans prévenir. Elle avait appelé Patrick pour le prévenir. Elle n’avait même pas pris le soin d’utiliser le langage codé qu’ils avaient mis au point pour ne pas inquiéter Dorian au cas où il écouterait depuis la zone de transit.

Elle voulait aussi retrouver son rôle de mère, sans mensonge, sans angoisse, sans double jeu. Etre honnête avec ses deux enfants, ils en avaient tous les trois besoin.

Elle n’avait pas pu faire part de son plan à Dorian car ils se voyaient de plus en plus rarement. Apparaître dans le monde matériel lui était de plus en pénible, et il restait de moins en moins longtemps, comme usé.

Avant sa journée de travail, Jeanne avait mis en place le plan qui lui permettrait de revivre à nouveau. Elle avait énormément hésité avant de le mettre en place, mais elle avait besoin de respirer. Maintenant, elle rentrait chez elle, avec un mélange d’angoisse, d’appréhension et d’excitation

Elle entra dans sa maison, et découvrit une maquette de bateau dans le salon. Cette maquette devait normalement être dans le bureau de Dorian. A l’excitation succéda la peur. Pourquoi une maquette était-elle sortie du bureau ? Qui avait fait ça ? Elle découvrit les cinq autres maquettes réparties dans la maison et descendit en courant dans l’atelier de Dorian qu’elle trouva ouverte. Le congélateur était vide, Dorian avait disparu. Elle inspecta l’atelier et fouilla toute la maison. En vain, elle ne savait pas où avait disparu le corps de son mari. Elle retourna dans le bureau et s’agenouilla devant le congélateur ouvert, béant. Elle pleura. Elle venait de perdre à nouveau son mari, mais elle sentait que, cette fois-ci, c’était pour toujours. Elle ne sentait pas soulagée, elle ne sentait pas heureuse, elle était triste, mais elle sentait qu’elle avait besoin de cette tristesse qui emplissait son âme.

Elle entendit des pas dans la pièce d’à côté. Elle découvrit Mathis dans l’embrasement de la porte. « Maman, papa t’a laissé un message avant de partir… »

 

˜                 ™

 

Dorian était essoufflé de son dernier passage dans le monde matériel, et tentait de reprendre quelques forces. Il se demandait comment allait se dérouler le passage dans l’au-delà. Une lumière ? Un tunnel ? Un escalier ? Le Styx ? Il n’avait jamais vu aucun autre défunt lors de sa sortie de la zone de transit. Ils disparaissaient tout d’un coup, comme transporté dans une autre dimension. Mais à chaque fois, ils avaient distingué quelque chose dans la foule. Cependant aucun n’avait eu le temps de lui dire quoi.

Il se sentait très excité à l’idée qu’enfin lui aussi allait passer de l’autre côté. Il s’était économisé ces derniers temps pour avoir le maximum d’énergie pour sortir avec brio. Il avait compris que tout le monde avait besoin qu’il sorte de cette zone de transit et il en avait assez. Assez de vivre une  demi-vie, assez de voir sa femme se rapprocher d’un autre homme sans pouvoir lui en vouloir, assez de voir sa femme et son fils s’ignorer de plus en plus jour après jour, assez de voir ces défunts partir vers un au-delà tellement de fois magnifié. Il avait voulu faire lui-même le travail, mais il sentait qu’il devait aussi une explication à son fils. Il savait que sa femme voulait en finir, il savait que lui-même voulait en fini, et il savait que Mathis voulait savoir. Il lui avait suffit de faciliter la tâche à son fils. Il lui avait suffit d’apparaître dans le congélateur au moment où son fils l’avait ouvert, pour cacher sa dépouille. Il lui avait suffit de lui expliquer ce que lui et sa mère avaient fait après sa mort et pendant dix ans. Il n’avait pas eu besoin de lui expliquer pourquoi ils lui avaient caché cela, ni pourquoi il était temps d’en finir. Ils s’étaient embrassés, il lui avait dit sa fierté face à ce qu’il avait fait de sa vie, il lui avait dit qu’il l’aimait et qu’il aimait sa mère. Puis, il avait repris son corps et l’avait emporté avec lui dans le caveau familial. C’est cette dernière manœuvre qui l’avait épuisé. Mais il était heureux, il savait qu’il était enfin vraiment mort.

Parmi la foule, soudain, une personne brilla plus fort que les autres. Les autres défunts ne semblaient pas le voir. Cette personne avançait vers lui tranquillement. A mesure qu’elle approchait, il reconnaissait des traits familiers : un vieil homme aux yeux bleus, qui avait une longue barbe blanche…

 

« - Bonjour grand-père.

- Bonjour Dorian.

- C’est donc toi ?

- Pour toi, c’est moi. Apparemment, parmi les personnes mortes que tu connais, je suis celui que tu avais envie de revoir.

- C’est moi qui décide ?

- C’est chacun qui décide. C’est pour cela que je suis invisible pour les autres ; je ne suis pas celui qu’ils attendent. Tu es enfin prêt à venir ?

- Enfin ? Tu savais que j’étais là ?

- Oh ! Bien sûr. Il est difficile de cacher son âme tu sais. Et dans le monde où je t’emmène, nous sommes très patients.

- Ils sont au courant pour les gens qui restent en zone de transit ?

- Bien évidemment. Mais que veux-tu faire ? Si quelqu’un n’est pas prêt à venir, on peut bien lui laisser un peu de temps pour comprendre.

- Pour comprendre ?

- Pour comprendre que la vie ne vaut rien s’il n’y a pas la mort au bout du chemin. Pour comprendre que morts et vivants ne sont pas fait pour vivre dans la même dimension. Pour comprendre ce que tu as compris pendant cette expérience de dix ans.

- Mais mes enfants ? Ils ont souffert de notre inconscience !

- Ca devait se dérouler ainsi, sinon, ça se serait déroulé autrement. C’est leur vie, c’est ce qui fait qu’ils sont eux et qu’ils sont uniques. Les choix que Jeanne et toi avez fait les ont construits. Te priver de ces choix, c’est te priver de ta liberté, mais c’est aussi les priver de leur héritage, des chances que tu leur donnes.

Le grand-père de Dorian marqua une pause, puis reprit :

- Es-tu prêt matelot ?

- Oui capitaine ! Comment faisons-nous ?

- Regarde autour de toi.

Dorian et son grand père étaient maintenant au bord de l’eau sur une plage. Peu importait à Dorian le nom de cette mer ou de cet océan, il savait que sur l’autre rive, il découvrirait enfin l’au-delà. 

- On fait comment ? On vole ? On marche sur l’eau ? On nage ?

- Non, on se laisse guider. Prends-moi la main, et touche la lumière. N’aie pas peur.

Une lumière douce, chaleureuse, enivrante s’approcha à travers l’eau.

- Je n’ai pas peur grand-père. J’ai enfin accepté la fin ; je suis prêt à recommencer quelque chose de nouveau.

 

 

FIN (et débutJ)

 

 

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