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Dark side of the moon

Par Thomas Burnet

J’arrive mon bébé !

Florian descendit dans la cuisine en vitesse et attrapa un des biberons sur le dessus du micro-onde. Il l’ouvrit et le laissa sur le plan de travail. Il revint au micro-onde et prit la bouteille d’eau minérale posée juste à côté. Il se plaça devant le biberon, s’accroupit, de sorte à se trouver bien en face des graduations et versa doucement l’eau. Le point délicat était l’approche des 90 ml. Il se doutait bien que ce n’était pas grave si le petit buvait 94 ml au lieu de 90, mais il avait le souci du détail.

Il s’arrêta une seconde, releva la tête et cria : voilà Paul, ça arrive.

Il finit le remplissage en s’arrêtant parfaitement à 90 ml. Il eut un sourire de contentement. Il plaça ensuite le corps du biberon dans le micro-onde, régla la minuterie sur 25 secondes avant de le mettre en marche.

Voilà mon chéri… C’est presque prêt !

Ding !

Paul rouvrit le micro-onde, sortit le biberon et versa, dans l’eau tiède, une dose de lait en poudre, soit trois cuillères arasées, préparée en avance dans une petite boite compartimentée. Il replaça la tétine sur le dessus du biberon et referma la boite à compartiments.

Ca y est Paul ! Me voilà !

Tout en secouant énergiquement le biberon, il sortit de la cuisine, traversa le couloir et la salle à manger, monta les marches deux par deux, et gagna la chambre de son fils.

Ben voilà mon bébé ! Tu vois, c’est simple ! Tu appelles papa et papa arrive très vite pour te donner à manger.

Il posa le biberon sur la petite table, à côté du rocking-chair, et vint chercher le nourrisson dans le petit lit à barreau. Il le souleva en lui faisant de grands sourires, et en le serrant contre lui. Il aimait tellement tenir son fils ainsi.

Il le souleva pour mettre ses fesses au niveau de son nez et déclara d’un air faussement grondeur : Oh ! Je crois qu’il y a du caca dans cette couche.  

Il posa Paul sur la table à langer, déboutonna le pyjama et le body, tout en faisant attention à ce qu’il ne bascule pas et ouvrit la couche.

MAIS OUI ! Il y avait un gros caca dans cette couche.

Il reproduisit les gestes appris consciencieusement à la maternité : nettoyer les fesses avec du coton humide, passer un coton sec, changer la couche, appliquer une pommade pour prévenir l’érythème et refermer la couche. Il remit les pressions du body et du pyjama et embrassa tendrement le front du petit Paul.

Voilà, maintenant qu’on a les fesses propres, on va pouvoir manger ! Allez Cow-boy, viens par là.

Florian prit son bébé dans ses bras, attrapa le bavoir sur le dossier du rocking-chair et s’installa confortablement. Il tendit le bras pour attraper le biberon, le secoua une dernière fois et mit la tétine dans la bouche de son fils.

Voilà mon bébé, voilà.

Il se balança doucement en attendant que le nourrisson prenne son repas.

Au bout d’un quart d’heure, il reposa le biberon sur la petite table ; il était toujours aussi plein. Il regarda son bébé, une larme coula le long de sa joue. Il prit le bavoir, le posa sur son épaule et bascula Paul afin qu’il fasse son rot. Il tapota doucement dans son dos en se berçant dans le rocking-chair.

Lorsqu’il immobilisa la chaise de bois, il décolla de son épaule la poupée de plastique et la jeta violemment par terre.

Il se releva, les joues inondées de larmes, et regarda la chambre où il se trouvait.

Il savait le faire ! Il savait changer un enfant et le nourrir. Alors pourquoi n’avait-il pas été capable de le faire cette nuit-là ? Pourquoi avait-il cru qu’il restait encore deux heures avant le prochain biberon ? Pourquoi s’était-il énervé ? Pourquoi avait-il secoué son fils pour le calmer ?

Il envoya balader le biberon, et donna un coup de pied dans la petite table. Il s’assit contre le berceau vide et pleura. Quand ses yeux furent secs, il se leva et retourna se coucher en essuyant ses joues. Plein de colère et de tristesse, il s’enveloppa dans les draps. Il posa la main à côté de lui, sur l’oreiller que Myriam avait déserté depuis déjà six mois, lassée de ce rituel que sa culpabilité le poussait à continuer et rongée par la colère contre le geste inconscient de son mari.  

Il se tourna et attrapa la boite à musique qu’il avait ressortie du grenier dès qu’il avait su qu’il allait devenir papa.  Il la remonta et la posa sur sa table de nuit.

Tout à l’heure, il lui faudrait reprendre le cours de la vie. Une vie de cadre divorcé, infanticide involontaire ; dans l’attente du lendemain, quatre heure du matin, où il se prouvera encore une fois qu’il aurait pu ne pas tuer son fils.

 

FIN

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