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GOLDEN RICE 2 – LE RETOUR (DE BATON)

 

Résumé rapide de GOLDEN RICE 1

Un couple de médecins aidé d’un biologiste et d’un homme d’affaires chinois réussissent à mettre au point un riz transgénique capable de vaincre une certaine cécité. Ce riz, le Golden Rice est demandé partout dans le monde, mais lorsqu’il est absorbé par des populations qui ne souffrent pas de carences en vitamine A, il conduit à de graves dérèglements du foie. L’équipe décide alors de continuer à le commercialiser en supprimant les apports en vitamine, ce qui en annule tous les effets curateurs. Mais en omettant d’en informer l’un des membres de l’équipe.

 

Comme à chaque venue de mister Wong en Europe et juste avant son départ, Isabelle recevait ses amis associés de la Golden Rice Inc. à diner. Cela faisait partie d’un cérémonial auquel aucun des amis ne dérogeait. Depuis le début du projet, des liens qui s’étaient tissés de plus en plus forts les reliaient. Ce dernier diner était devenu une institution.

Didier était déjà arrivé depuis longtemps et prenait un whisky en compagnie de Patrick lorsque mister Wong arriva. Il était vêtu d’une tenue blanche élégante à la coupe très stricte. Patrick lui ouvrit la porte et Isabelle parut sur le palier. Elle descendit l’escalier dans une robe longue indienne moulante, fendue jusqu’à mi cuisse qui faisait ressortir sa longue taille fine. Elle avait coiffé ses cheveux en un chignon et s’était maquillée les yeux en en tirant les coins pour les allonger en amande.

Les deux hommes s’étaient figés souffle coupé. Mister Wong, subjugué la regarda descendre, puis en prenant sa main, il se courba pour l’effleurer de ses lèvres. « Lady Isabelle, vous êtes divine. »

Elle avait préparé un diner thaïlandais en l’honneur de son hôte qu’elle avait placé à sa droite. Lorsque la conversation rebondit sur le Golden Rice, Didier et Mister Wong s’aperçurent que Patrick n’avait absolument pas expliqué à Isabelle les problèmes que suscitait ce riz dans les pays civilisés, ni la décision qu’ils avaient prise.

Didier s’en moquait, mais Mister Wong avait réagi par une moue réprobatrice. Même si elle n’avait jamais voulu être actionnaire de la Golden Rice, il prenait en compte son avis comme l’un des associés. La tenir à l’écart d’un tel changement était outrageant.

Le diner se prolongea au salon et il était de plus en plus difficile de tenir une conversation sur les nouveaux défis que devait relever le Golden Rice. Isabelle était pleine d’espoir alors que la décision d’éradiquer la vitamine A des nouveaux plans avait été validée.

Isabelle, au grand soulagement de tous, changea de sujet de conversation et questionna Mister Wong sur la Thaïlande. Celui-ci était chinois par son père, mais thaï par sa mère et bien qu’il ait passé toute son enfance sur la côte de Canton, il s’était réjoui à l’âge de vingt ans de pouvoir retrouver toute une branche familiale au Nord, près de la frontière avec le Laos.

Il expliqua la douceur de vivre, la Thaïlande intime loin des plages de Phuket et des hordes de touristes. L’humilité des gens, le poids de la tradition, le respect des anciens, la tolérance mutuelle, les joies simples. Puis les catastrophes en série : le tszunami qui avait eu des conséquences dramatiques sur toute l’économie de la mer : tourisme et pèche et la grippe aviaire qui avait meurtri les villages de l’intérieur.

A Isabelle qui lui demandait comment la population avait réagi, il répondit que la Thaïlande était bouddhiste et que les agressions de la vie, les coups du sort, les péripéties de toutes sortes n’étaient que des moyens de forger l’âme au travers du samsara, l’enchainement des multiples réincarnations nécessaires avant d’atteindre enfin le Nirvana, la délivrance.

Patrick eut un sursaut en entendant parler de Bouddhisme. C’était le dada d’Isabelle. Elle pouvait en parler pendant des heures. Elle avait passé de longues heures à tenter de lui en expliquer les arcanes jusqu’à ce qu’elle se rende compte de la totale inutilité de la tâche. Il se levait du sofa au moment où elle disait : « Je crois que dans cette région, vous pratiquez le bouddhisme Hinayana, celui du Petit Véhicule ? » et il quittait la pièce quand Mister Wong répondit : « Non, en fait la région du Nord suit plutôt l’enseignement doctrinal de Bouddha Gaudama, l’école Théravada. »

Fort à propos, quelques instants plus tard, Didier commença à bailler.

Il se justifia par une dure journée et proposa à mister Wong de le déposer à son hôtel.

Enfin délivré de ses invités, Patrick tenta d’enlacer son épouse accaparée toute la soirée, pour un moment plus intime. Celle-ci en riant s’enfuit dans la chambre pendant qu’il la poursuivait. Elle s’enferma dans la salle de bain et il tambourina jusqu’à ce qu’elle lui réponde : « opération démaquillage, désolé, urgence ». De guerre lasse, il se laissa tomber sur le lit pour l’attendre.

Elle mit probablement plus de temps qu’espéré. Car, il ronflait déjà quand elle rejoignit le lit.

Mister Wong reparti, la vie reprit son rythme normal.

Didier tenait au courant toutes les semaines à la fois Mister Wong et Patrick de l’avancée des nouveaux plans et de leur implantation.

Réaliser le tout premier plan Golden Rice avait été laborieux. La mise au point génétique de l’implantation de la vitamine A dans le riz avait tâtonné, bégayé, puis Le laboratoire de Didier avait réussi la mutation. La formule avait été depuis à plusieurs reprises remaniée et affinée.

C’est pourquoi, refaire la mutation génétique en ne laissant qu’une dose infinitésimale de vitamine avait été beaucoup plus facile à réaliser.

Une fois le processus terminé , les plans dupliqués furent expédiés en Thaïlande pour être repiqués. La prochaine récolte ne porterait quasiment plus de vitamine A.

Le soir de cette expédition, Patrick rentra assez tôt et de façon inhabituelle, il acheta un bouquet de roses à un fleuriste. Il se sentait d’humeur joyeuse et détendue.

Il fut surpris du silence de la maison et de son calme. L’air bruissait toujours de la présence des filles. Il y a avait toujours un fond musical d’un Cd qui tournait en boucle.

Il passa rapidement en revue les pièces : le bureau d’Isabelle, les chambres, les salles de bain. Sans être inquiet, il était intrigué par ce changement d’habitude. Il remonta à l’étage et fit une nouvelle fois le tour des pièces en appelant. Il redescendit, jetant des coups d’œil par les fenêtres sur le petit jardin.

Il repassa une nouvelle fois dans le bureau. Il en ressortit, puis se figea. Il rentra à nouveau dans la pièce. Il ne s’était pas trompé. Sur le bureau trônait une enveloppe kraft d’un format particulier. Il connaissait ces enveloppes. Il les connaissait très bien. C’était une des enveloppes qu’utilisait Didier pour ses rapports hebdomadaires. Les jambes tremblantes, il s’assit à la table pour ouvrir l’enveloppe. Devant lui, s’étalait le dernier topo faisant état de l’éradication de la vitamine A des derniers plans. La gorge serrée, il imaginait Isabelle en train de découvrir le contenu de ce rapport. Il l’imaginait décacheter, surprise, puis, sortir les liasses, curieuse, puis commencer à lire, ne pas comprendre, relire, stupéfaite. Il imaginait l’incrédulité, l’incompréhension monter. Elle devait chercher des excuses, des raisons. Se dire que s’ils avaient modifié la formule, il devait y avoir des motifs graves, importants.

Il imaginait ce qu’il allait pouvoir lui dire. Il tentait de tourner les phrases. Il lui parlerait d’un danger concernant les populations. Une décision à prendre dans l’urgence. Une routine. Il lui expliquerait que cette décision était momentanée, qu’il n’avait pas voulu l’alerter, la tracasser. Il s’en tirerait. Il trouverait les mots.

C’est à ce moment que sur le côté de la table, Il avisa un petit magnétophone. Il l’actionna après l’avoir rembobiné. A sa grande surprise, il entendit sa propre voix expliquer qu’il votait pour la suppression de la vitamine A parce qu’elle avait rempli son office et que leur patrimoine personnel souffrirait trop de la poursuite de l’expérience. Quelqu’un avait à leur insu enregistré le conseil d’administration. Et avait ensuite transmis le dossier confidentiel et l’enregistrement à Isabelle.

La situation se compliquait. Il devina sans peine la réaction d’Isabelle face à cette trahison. Elle était entière, se donnait totalement, en confiance. Mais il ne fallait pas la tromper.

Elle avait du prendre sa décision en dix minutes, empaqueter ses affaires, embarquer les deux filles et se tirer.

Comment la retrouver ? Comment la convaincre ? En tout cas, une réunion téléphonique d’urgence était impérative. Il fallait prévenir Didier et Mister Wong que quelqu’un à la Golden Rice les espionnait. Il paraissait aberrant qu’Isabelle puisse être à l’origine de ces fuites, mais elle en avait été la destinataire.

Qui pouvait vouloir leur nuire ? L’enveloppe venait du laboratoire, forcément quelqu’un de l’équipe de Didier.

Or celui ci confirma n’avoir tiré que trois dossiers hautement confidentiels des rapports mensuels et il avait mis sous clé son exemplaire personnel. Celui-ci était toujours en place.

Mister Wong, alors ? Celui-ci ne faisait pas mystère de son adoration pour Isabelle et le soir du diner, il n’avait pas pu masquer son agacement en constatant qu’elle n’avait pas été mise au courant de leur décision de supprimer la vitamine A des plans.

Il l’appela en oubliant qu’avec le décalage horaire, il était à peine 3 heures du matin en Thaïlande. Un Mister Wong, bougonnant et mal réveillé consentit à aller ouvrir son coffre personnel pour assurer que l’enveloppe et le dossier n’en avaient pas bougé.

Patrick se résolut à contrôler que l’exemplaire qu’il avait reçu était toujours dans le tiroir où il l’avait rangé. Il n’avait pas jugé utile de vérifier persuadé que la fuite venait de l’un de ses associés. C’est avec surprise qu’il constata que le dossier n’était pas à l’endroit où il l’avait placé.

Au moment où il contemplait le tiroir vide, il sentit sa tête tourner comme s’il allait s’évanouir. Il rapprocha un tabouret pour s’asseoir et la tête dans les mains, il tentait de reprendre ses esprits. Lui subtiliser les documents était un jeu d’enfant, il ne fermait rien, était désordonné et un dossier qu’il ne retrouvait pas était la plupart du temps rangé ailleurs. Mais il se souvenait bien : pas celui là ! Tout ce qui avait trait aux conséquences néfastes de la présence de la vitamine A dans le riz était soigneusement regroupé dans le tiroir de son bureau. Pas fermé à clef, certes. Mais comment imaginer …

Il avait été surveillé, espionné et trahi. Golden Rice faisait beaucoup de jaloux. Les grands de l’agroalimentaire n’avaient pas apprécié le nouvel opérateur. En quelque sorte, ils n’avaient pas digéré le nouveau riz, c’était le cas de le dire (il sourit malgré lui du jeu de mot). Alors un peu d’espionnage industriel et au bon moment, semer la zizanie dans l’équipe devaient être des moyens d’action tout à fait adaptés à leur éthique.

Il se mit à réfléchir : Quelqu’un les espionnait, savait que le Golden Rice ne contenait plus de vitamine A et en avait informé Isabelle en faisant exploser leur couple. Qui pouvait y avoir intérêt ?

Il devait mener son enquête, identifier ce salaud, retrouver Isabelle et la convaincre de sa bonne foi. 

Il passa une semaine à tourner en rond. Personne ne se souvenait d’une tête étrangère. Le laboratoire de Didier était ultra sécurisé et tout y avait été normal. Les bureaux de Luxembourg avaient passé au peigne fin toutes les entrées et sorties et ne faisaient état d’aucune visite douteuse. . Le petit magnétophone ne portait que ses empreintes digitales et celles de sa compagne. Le dossier lui appartenait. C’était comme s’il avait lui-même communiqué les renseignements. De quoi devenir fou !

Il traversa une période sombre. Il n’arrivait pas à s’expliquer les fuites et toutes les recherches concernant Isabelle et les deux filles restaient vaines. Elle avait du faire jouer son réseau de relations et s’était évanouie dans la nature. Les rares contacts qu’il appela ne lui furent d’aucun secours. Malgré son désespoir, Il ne se décida pas à prévenir la police.

C’est le mardi suivant que l’Airbus d’Air France Vol AF625 amorça son atterrissage vers 5 heures.

Bien que l’aube pointe à peine, quand Isabelle descendit de l’avion, l’air était déjà moite. Lorsque le soleil se lèverait, la chaleur et l’humidité rendrait la marche dans les rues pénible. Les deux fillettes mal réveillées se cramponnaient à chaque bras de leur maman. Elles traversèrent à pied le tarmac pour rentrer dans l’aérogare. Les formalités d’immigration terminées, Isabelle récupéra un chariot sur lequel les filles s’assirent et elles se dirigèrent vers la récupération des bagages.

Là, les attendait mister Wong qui embrassa les filles et serra chaleureusement la main de leur maman avant de se courber pour y déposer un discret baiser.

« Lady Isabelle ! Comment puis je vous aider ? Commandez, je vous en prie ! »

« Mon ami, vous m’avez vanté la région des lacs. Pourriez vous m’y trouver un dispensaire dans lequel je pourrais travailler ? »

« Chère amie, si je n’arrive pas à trouver le dispensaire à votre mesure, je vous le construirais ! »

 

 

DESOLE POUR LE RETARD

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GOLDEN RICE 3 - CHAOS

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